dimanche 20 janvier 2008

Huit heures

Il est huit heur’s du mat’,
Je t’écris du boulot
Où c’est pas vraiment bath,
Où fait pas vraiment chaud…
Ca fait bientôt trois mois
Que t’as largué Paris :
Ses néons, ses vitrines,
Ses friqués, ses képis,
Ses durs fumeurs de spleen…

‘Parait que t’as trouvé
Un modeste bateau,
Un vrai qui va sur l’eau
Toute humide et salée…

Tiens v’là mon responsable
Voulant fair’ les gros yeux :
Quel gugus imbuvable,
Imbécile ambitieux…

Par ici, c’est la même
Et on s’aime, on se sème,
Tu prends un café crème
Et les chagrins se traînent.
Pour tromper nos effrois,
Hier avec Sophie,
Légum’s, on s’est farci
Quantités de fadaises
A la télé française…

Tu sais l’hiver revient,
Il n’est jamais parti :
Paris est toujours gris
Quand tu paum’s un copain…

Ce soir, j’irai voir Guy,
On jouera aux échecs,
A ta santé l’ami,
On boira des culs secs !

Eh dis l’ami,
Pourquoi que t’es parti
Là-bas voir du pays ?
Parait qu’il y fait chaud,
Parait mêm’ que c’est beau,
C’est ce qu’on dit…
Mais c’ matin, c’est salaud !
Tu sais, j’ai le cœur gros
Car soudain il me vient
Que je suis orphelin
D’un vieux copain…


J’ai vu Julie dimanche
A la gar’ Saint Lazare,
Elle était avec Blanche,
Ça fait toujours bizarre
De les voir ces deux-là…
Le passé bien souvent
Se plait à repasser
Pour venir tracasser
Le présent sans le vent.

Mais voici le meilleur,
Le roi des nénuphars
Qui choisit bien son heure,
Qui vient jouer les têtards…

Tu sais, ça fait un an
Qu’Hamid est sans boulot
Y s’laiss’ pousser les dents
Et la honte et les os…
« C’est la France d’En-Bas ! »
Disent-ils de Là-Haut,
Si on secouait un peu
Ca irait sûr’ment mieux,
Ca serait plus réglo !

Dehors, un arc en ciel,
Un enfant cul par terre,
Un oiseau dans le ciel
Ou peut-être un charter ?!

(Refrain)

J’ai jamais eu le cœur
En forme d’artichaut,
Je ne chant’ pas en chœur
Dedans tous les bistrots
Que demain « ça ira ! »
Mes copains, je les compte
Sur les mains d’un manchot,
Et c’est tout ce qui compte
Et j’ai tout ce qui m’faut !

Je rougis de le dire
Mais depuis qu’t’es barré
Nos bièr’s mouss’nt des soupirs,
Tu nous manqu’s enfoiré !

(Refrain)

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