Comme tout un chacun, la nuit venue, je rêve.
La fange et la fiente s’éveillent à ma gorge
Comme une envie de dégueuler. Alors, j’achève
Et clope au bec : j’éventre, j’étripe, j’égorge !
Vous, mes Semblables, n’avez plus rien de l’Enfer.
A peine êtes vous devenus des obstacles
Qu’on se doit de franchir du printemps en hiver,
Des rugosités sur le chemin que l’on racle.
J’évite de vous toucher ou de vous frôler
Et je vous ignore autant que faire se peut
Pour ne point trop vous haïr et vous affoler
Car vous êtes sans intérêts, ou bien si peu…
Au mieux, une nécessité périphérique :
Des mains, des mains, des mains à jouir et me servir !
Votre regard n’est qu’un accident théorique
Et notre Séparation est pour me ravir !
Si parfois, vous pouvez me donner le tournis,
Ce n’est pas que je sois sensible à vos élans,
C’est que vous fourmillez comme des fourmis,
Vulgaires insectes et toujours se suivant !
Je fais vœux d’avoir la cruauté de l’enfant,
Je fais douze mètres de haut et mon lourd souffle
Est celui d’un géant au désir triomphant :
Je suis monstrueux et jamais, je ne m’essouffle !
Pauvres fous ! Méfiez-vous de ce sourire étrange
Qui se dessine sur les os de mon visage
Car derrière ce faux, je compose et j’engrange
Ma folie de pillage, mes songes de saccage !
Ne vous laissez pas hypnotiser par l’allure
Invoquant l’intelligence et la nonchalance,
Car le calme est une vieille et rustre pelure
Qui n’étouffera pas toujours le feu qui m’élance.
Comprenez-vous qu’étant ce semblable incapable
De vous admirer, je ne puis vraiment vous aimer ?
Et, je vous méprise en attendant l’ineffable,
Car je sais qu’un jour, je ferai mieux que rêver !
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