Tu règnes, tu es là et partout à la fois !
Tes yeux cafardeux et bêtement affairés,
Ton étreinte lourde sur nos corps mous et froids,
Ton souffle dans notre dos, sous nos pas serrés :
O triste, lugubre, infâme Quotidien !
Que tu sois planté sur ton vieux trône miteux
Ou que tu nous suives comme ces cons de chien,
C’est toi et toi seul qui fait le jour si gâteux !
Le matin, tu nous habilles chez l’Habitude
Et nous voici superbes de docilité :
La frime et les fringues, qui font l’attitude,
Sont les atouts sûrs de cette débilité !
Tu nous guides, O troupeau de doux travailleurs,
Tu nous donnes le prestige de l’amphibien,
Et nous émergeons du métro comme d’ailleurs,
Mais notre terre est grise et nos vergues sans lien.
Le midi, tu nous invites à déjeuner
A la table de l’Ennui ; boulot et football
Sont au menu de tes repas chronométrées :
On soûle comme on peut l’aura du ras le bol.
L’entre-deux : c’est cela l’infortune de l’Homme !
Ni Fou, ni Heureux, ni Triste ou Désespéré,
Branchés au câble des balivernes, nous sommes
Anesthésiés, apathiques et apeurés.
Le soir, le troupeau se reforme et, en cadence,
Nous rampons vers nos modestes banlieues dortoirs.
Ainsi qu’un bon flic, la vieille fille Prudence
Nous rentre dans le rang comme pour l’abattoir.
Le chien et l’enfant sont là ; l’un sur son couffin,
Trop malade pour venir à nous, dort, tandis
Que l’autre, devant la télé, dit qu’il a faim ;
Alors une image nous vient : c’est l’Incendie !
mercredi 9 janvier 2008
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire