Manon

Manon aimerait les pleurs,
Les pleurs à cueillir en pleine nuit,
Avoir un sein sécateur
Et l’autre un peu comme un doux nid.

Sentir la tendre pâleur
De la lune lorsque vient minuit,
Qu’il faut consoler voleurs,
Putains, solitaires et chéris…

Manon, Manon…
Dès que la nuit entre en scène,
T’as toujours l’air un peu triste,
Manon, c’est con,
Te crois-tu vraiment obscène
En jouant ta vie en soliste ?
Allons Manon,
Y’a mill’ façon
D’faire un’ chanson,
Manon…

Manon, même les odeurs,
Les odeurs violentes des fruits
Dégoulinant sans pudeur
La font rêver tant elle s’ennuie.

Mais le temps a fait son beurre
Et la douceur des flagorneries
N’emplira jamais son cœur
Du bonheur qu’a connu son nombril…

(Refrain)

Manon voudrait les frayeurs,
Les frayeurs qui courent près du puit,
Quand la chair toujours à l’heure
Se gonfle de sang au moindre bruit.

C’est idiot mais quel bonheur !
Que ces angoisses et ces ennuis
Que ramènent les farceurs
Aux genoux rouges, plein de cambouis.

(Refrain)

Manon voudrait l’impudeur
D’un petit astre qui éblouit
L’assistance de sa hauteur,
Roi d’un monde mou déjà conquis…

Manon aimerait les pleurs,
Les pleurs à cueillir en pleine nuit,
Avoir un sein sécateur
Et l’autre un peu comme un doux nid.