mardi 27 mai 2008

Terriens vagues

Comme des voiles de bateau dans tes yeux rouges,
Je croise à l’horizon qui pleure sur les vagues
De cette mer vagabonde qui bêle au bouge
Avec ces chiens-loups, naufragés des terriens vagues.

Les entends-tu, mon Amour, ces bêtes perdues ?
Si perdues qu’elles cherchent à t’embrigader
Dans leur souffrance comme la mer prétendue
Solide est dépecée et, à présent, bradée…

Ces larmes qu’ils fardent comme des déferlantes
Pour braver le désert qui coule dans leurs veines
Ne sont pas tiennes et leur perdition ronflante
N’est qu’un philtre dans une marre de verveine.

Mon Amour, ne te laisse pas prendre à la mer !
Elle a perdu cet hiver ses derniers cheveux
Et je ne meure plus de ses poissons amers
Qui revenaient certains soirs comme des aveux…

Mes oiseaux rêveurs n’ont jamais battu des ailes
Que dans l’espoir d’accrocher tes mystères noirs ;
Hé ! Entends-tu le râle des jours infidèles ?
Ils hurlent à la mort du fond de ma mémoire !

Moquons-nous mais n’effaçons jamais nos effrois,
Le temps des sanglots n’est jamais loin en Europe
Ou ailleurs et d’ailleurs, il arrive parfois
Que l’on soit rattrapé par la chair d’une Salope !

Les voyages heureux s'abîment devant nous,
Les mômes de la rue me l’ont-ils collé au nez ?
Les mômes de la rue ? Mon dieu, suis-je enfin fou ?
Aurons-nous assez de cœur pour tous les aimer ?

Les mâts de tristesse transpercent cette époque
De leurs raideurs et leurs voiles n’ont plus le vent ;
Ah ! Quelle maladie que ces vielles défroques
Puant la compassion qu’on refile au printemps !

Oh mon Amour, ce ne sont rien que des fables,
Rien que quelques bonnes bouchées de ciment
Qui gavent le monde d’une émotion aimable
Pour l’endormir le soir du sommeil des mourants.

Oui, parfois, il y a cette chanson des astres
Qui nous remonte du ventre comme la lave
Remonte des poings de la terre sans cadastre !
Encor, ferme les yeux, encor, quelques octaves…

C’est ici, nous y sommes enfin ! Tout est clair,
Calme ; nous sommes légers et ne rions pas ;
Tu es immense et entre mes doigts de bruyère,
Tu danses autour du monde qui n’est pas là.

C’est la mélancolie, nous retrouvons la Terre,
Le temps n’existe plus et nous ne faisons qu’un,
Il n’y a plus rien, pourtant, rien n’est éphémère
Nous ne faisons qu’une et tout est si enfantin…

Les bateaux rentreront bientôt, nous serons seuls,
Séparés de tout, nous épuisant à vivre ainsi,
Dans les plis du jour comme dans un vieux linceul,
Comme si nos vies n’étaient que de faibles cris.

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