samedi 8 août 2009

Calçons à trous

Vain dieu ! On approch’ de la date,
Et ch’uis pas prêt, ch’uis pas au jus !
Ch’ais pas faire un nœud de cravate,
Ch’uis pas coiffé, je suis barbu !

Y’a les copains qui pass’nt ce soir,
Demain, j’aurai trop mal aux ch’veux,
Y’aura des ch’veux dans la baignoire :
J’peux pas laver, ch’uis paresseux !

Pis y’a ma mèr’ qui lav’ mes ch’mises,
Trop la teuhon, faut que ça change !
Et mes calçons, ell’ les reprise,
Qu’est-c’ que j’vais dire à mon p’tit ange ?

Comment qu’on fait pour changer,
Pour changer un bébé ?
Comment qu’on fait pour grandir,
Pour grandir sans vieillir ?


Vain dieu ! Il arriv’ dans trois jours
Et ch’ais pas faire un œuf au plat !
J’ai deux mains gauch’s et vingt doigts gourds,
Je mets toujours les pieds dans l’plat !

Je pèt’ sept assiett’s par semaine,
Plus maladroit qu’un chiot manchot,
J’renvers’ les vieill’s quand j’me promène :
Navré mon goss’, t’as trop pas d’pot !

Pis, l’Etat veille à ma santé :
Ni gras, ni goudron, ni bons becs,
Moi qui les mange par millier,
Qu’est-c’ que j’vais dir’ à mon p’tit mec ?

Comment qu’on fait pour changer,
Pour changer un bébé ?
Comment qu’on fait pour grandir,
Pour grandir sans vieillir ?


Vain dieu ! Il peut venir demain !
Ça fait short pour trouver du taf,
Ch’ais pas quoi fair’ de mes dix mains :
Un petit joint ? Un’ dernièr’ taffe ?

C’est pas sérieux tout ce bazar,
Et ce pneu crevé dans l’couloir,
Peut-il se réparer par hasard
Quand à midi, j’dors comme un loir ?

Pis, y’a ma mie qui gèr’ l’oseille
Car j’ai des trous au fond des poches,
Et ça ma mèr’ peut rien n’y faire :
Qu’est-c’ que j’vais dire à mon p’tit mioche ?

Comment qu’on fait pour changer,
Pour changer un bébé ?
Comment qu’on fait pour grandir,
Pour grandir sans vieillir ?


Vain dieu ! C’est prévu aujourd’hui !
Tant pis pour mes chaussett’s sales :
« Respir’ ma Bell’, vite un taxi !
Quoi la malle, elle est où la malle ? »

Ch’uis pas sérieux mais franchement :
J’ai vu qu’t’avais pas même un’ dent
Et, pas un mot pour ta maman :
Un « merci » pour le dérang’ment !

Pis toi non plus, t’as pas ton bac,
Pour la crèch’ ça devrait le faire,
Mais pas la pein’ de jouer les cracs :
On verra bien quand tu s’ras père !

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