jeudi 30 juillet 2009

Toujours les fleurs

Si j’avais toujours eu des châtaignes
En place de mes mains de menteur,
Si j’étais toujours la même teigne
Et si j’arrachais toujours les fleurs
Pour les dessiner pour des poupées,
Est-c’ que j'pourrais revoir mon pépé ?

Si j’étais resté toujours le même
Timide et orgueilleux comme un roi
Que la cour viole de son œil blême,
Avec ces filles qui laissent froid
Est-c’ qu’elle serait toujours debout
La cabane où l’on mettait les bouts ?

On finit tous par perdre
Le bon temps du Tango,
Le bandonéon débande sous les néons
Nous faisons des enfants
Dans l’autre camp,
Comme des cons,
Les vieux se font des os !


Si j’avais toujours dit des « je t’aime »
Avec le cœur roucoulant d’envie,
Sans que le ventre et ses théorèmes
Me fassent le coup d’un « c’est la vie »,
Est-c’ qu’ils seraient encore vivant
Ces amis sous le soleil couchant ?

Et si j’étais resté sourd et vierge,
Si mon ventre était resté tranquille,
Si mes os comme de longs cierges
S’étaient consumés sans jouer les quilles,
Si j’avais gardé mes dents de lait,
Est-c’que le monde serait moins laid ?

On finit tous par perdre
Le bon temps du Tango,
Le bandonéon débande sous les néons
Nous faisons des enfants
Dans l’autre camp,
Comme des cons,
Les vieux se font des os !


Si j’avais toujours les doigts dans l’nez
Et la crotte à dégommer l’enfer
Parc’que quand même « faut déconner ! »
Y’aura toujours des chos’s à refaire,
Est-c’ que mill’ neuf cent quatre vingt neuf
S’rait toujours prêt à casser des œufs ?

Et si j’avais pu vendre mon âme
Au diable, au clown ou au trapéziste,
Si j’avais goûté du macadam
En poursuivant pas la bonne piste,
Est-c’ que j’aurai encor’ le bon rôle
Perché tout là-haut sur tes épaules ?

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