dimanche 20 janvier 2008

Le musicien sans mélodies

Voyant l’ami dans l’embarras,
J’étais bien résolu à mener mon enquête
Ainsi muni de ma loupe et de ma casquette,
J’allais pour débusquer le “ la ” !

Ne sachant par où commencer,
J’interrogeai les commerçants de mon quartier :
Boulanger, marchands de cité et charcutier,
Tout le monde y est passé !

Mais bien sûr, z’étaient tous pressés
Et je me suis entendu dire t-il me semble
Qu’on avait pas élevés les cochons ensemble
Et qu’les chats étaient à fouetter !

Par chance - alors que pour les chats
Je m’inquiétais, un petit vieux sortant d'un bar
Me conseilla les objets perdus de la gare
Où j’allai bientôt de ce pas…

Enthousiasmé, j’allai bon train
Trouver le “ la ” au milieu des objets perdus,
Et vain Dieu, dans ce bazar, que n’ai-je pas vu,
Que de choses, que de machins !

Culottes courtes et châteaux de sable
Boucles d’or et sac de billes, autant d’amours
D’enfance égarés par autant de coeurs trop lourds
Du bout de mes doigts gourds palpables !

Sans dessus dessous aussi,
Des cheveux, des vertus, le nord et sa raison
D’être, et puis en rade ces drôles d’oraisons
Qu’un Dieu poivre n’aura pas oui !

Des parapluies, des parasols
Mais pas un brin, pas le moindre air de guitare…
Alors le vieux me dit d’un viel air goguenard :
« Vas donc chercher chez les cow-boys ! »

Sans attendre, je pris mon cou
A mes jambes, m’imaginant qu’entre un scooteur
Et un keus-dix, je trouv’rai sûr’ment le bonheur !
Un « la » rebel ! Un doux voyou !

Evidemment, z’avez compris
Bien mieux que moi qu’aucune jolie mélodie
Se ferait prendre par le fourbe Sarkozy
Et par sa meute de képis !

Mais dans la cage, en garde à vue,
Clandestins, filles de rame et sans papiers :
Ceux qui emmerdent la sainte sécurité
Rien qu’en faisant rouler leur cul !

Tant déçu par ce nouveau bide
Qu’effrayé par le petit renard ambitieux,
Je jetai l’éponge et je rentrai merdeux,
Quand le vieux m’avoua acide :

“Les mélodies ont dit basta !
Adieu les impostures, les nuées de clous,
Le “la” est sur le dos, le “do” a mis les bouts,
Adieu messieurs les scélérats !”

D’un coup d’un seul, tout devînt clair :
Notre époque avait poussé le bouchon trop loin
Et changé le “la” en ennuyeux gagne-pain,
Sans feu, sans âme, sans mystère.

Alors, avec son baluchon
Sur le "do", le "la" avait pris la clé des champs
Espérant trouver gratitude au firmament,
Sur Mars, en enfer ou Pluton.

Bien sûr quelques lambins accords
Avaient trop manqué de ruse et, dans les filets
A chanson d’un grossier personnage, ils étaient
Tombés sans s’douter de leur sort :

Il les a mis dans des bocaux,
Des Tubes et quand il faut « il met le paquet ! »
Un doigt de ci, un doigt de ça : v’là un succès
Pour l’industrie qui crie « bravo ! »

Tout était clair, j’en étais sûr !
Quand quelques notes étaient faites prisonnières,
Bienheureux les airs en production buissonnière
Qui connaissaient d’autres azurs !

Maintenant, je savais comment
Trouver des airs de chanson pour le musicien,
Pourtant, à l’esprit, un autre souci me vînt :
Pour Pluton, par où je prends ? !

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