Vous aviez l’air si perdu
Ce matin, ma pauvre dame,
Qu’on devinait votre drame
Et deux cordes de pendu !
Sous vos yeux, les souvenirs
S’amoncelaient comme un tas
D’ordure où pas un chat
Ne viendrait à l’avenir.
Taudis, ruines, mauvais blés
Qui encombrent votre cœur,
Que gardez-vous en rancoeur
Dans vos poches gonflées ?
Peut-être le vieux fantôme
D’un vieil amour envolé
Après qu’il vous ait volé
L’équation de son arôme ?
Ou bien les jeux de l’enfance,
Quand votre père aimait vous
Dire en bandant bien son clou :
« N’y voyez aucune offense… » ?
Ignorant, je sais vos yeux
Qui ont dégueulé l’espoir
Entrevu la veille au soir,
Comme ivrogne sous les cieux.
Vos yeux madame - Ah vos yeux !-
Ce sont les yeux de l’alcool,
Ils se touchent et caracolent,
Ils n’ont plus rien de précieux !
Ce sont des tâches verdâtres,
De la moisissure éclose
Sur le cadavre des roses,
C’est l’agonie de leurs âtres.
Ce sont des îles purulentes
Au milieu de l’océan
Qu’un Dieu sur son séant
A condamné à mort lente.
Terrible désolation
Revêtue de son costume
D’assoiffé et d’amertume,
On attend la collation.
Sur ces îles sans conscience,
On attend des naufragés
Pour ensemble partager
La solitude et sa science.
Vos yeux madame - Ah vos yeux !-
Ce sont les yeux de l’alcool,
Ils se touchent et caracolent,
Ils n’ont plus rien de précieux !
mercredi 9 janvier 2008
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