A l'improviste

Il est venu à l’improviste,
Rasant les murs d’un air de rien,
Toujours sifflant le mêm’ refrain
Comme un serpent suivant sa piste.

Il est venu à l’improviste
Et m’a dit d’un’ voix caverneuse
Déprimée, lente et paresseuse :
« J’ai vu ton prénom sur la liste… »

Il est venu à l’improviste,
Un jour, un’ nuit, j’ai oublié
Et si vraiment j’avais rêvé
Pourquoi t’aurais les yeux si tristes ?

Mon Amour, pardon,
C’est pas une gloire
- Manifestement non ! -
Mais je deviens…
De plus en plus poire
Manifestement pomme
Et maladroit bonhomme,
C’est pas une gloire,
Mais je deviens…

Il est venu à l’improviste
Pour remballer tout mon matos
De voyou, de dingue et d’Eros
Et même çui de trapéziste !

Il est venu à l’improviste
Et s’est vanté d’être de mèche
Avec ce Dieu tireur de flèches
Auquell’s aucun cœur ne résiste.

Il est venu à l’improviste,
A lui la mauvaise besogne,
Briser les flèch’s, délier les pogne,
Entre eux c’est un accord tacite.

Mon Amour, pardon,
C’est pas une gloire
- Manifestement non ! -
Mais je deviens…
De plus en plus poire
Manifestement pomme
Et maladroit bonhomme,
C’est pas une gloire,
Mais je deviens…

Il est venu à l’improviste,
Et moi, je ne vaux plus un clou,
Même un petit, un noir, un roux :
Je suis plus mou qu’un vieil artiste !

Il est venu à l’improviste,
Troquant l’amour pour un drapeau
Planté froidement sur ta peau,
Un peu comme un con d’alpiniste !

Il est venu en ondulant,
Chasser les oiseaux de mes poches,
Solder mes amus’ments de mioches :
Sur mon cœur s’est vautré le temps !

Mon amour, pardon,
Mon amour, chantons,
Car tu comprends le pire
Est que de tes soupirs
J’ai fait un’ chansons
Ç a c’est vraiment,
Oui c’est franch’ment…,
Franch’ment pas si con !